Comment la Chine a aggravé la crise du logement (2023)

En Chine, la pension semblable à la sécurité sociale aux États-Unis verse environ 410 dollars par mois aux personnes âgées qui vivent en ville, et seulement 25 dollars par mois à la campagne. Les soins de santé publics couvrent moins de la moitié des coûts supportés par la population. L'assurance-chômage fournit environ 220 dollars par mois ; la moyenne américaine est presque1 700 $.

Le filet de sécurité des consommateurs chinois est plein de failles, même si le coût de la vie est inférieur à celui des États-Unis. Alors que la croissance a faibli ces dernières années et qu’aujourd’hui, alors qu’une crise immobilière latente se répercute sur l’économie, la Chine constate les conséquences de son incapacité à mettre en place de solides programmes d’aide sociale.

Les décideurs politiques de Pékin, qui ont une aversion de longue date pour les protections financières des ménages, ont commencé à réduire leurs dépenses sociales cette année. Cela pourrait encore nuire aux niveaux de dépenses de consommation déjà médiocres du pays, ce qui entraînerait une baisse encore plus importante des prix de l’immobilier. Les problèmes liés à l’immobilier et à la consommation exacerbent également les dangers que représente l’endettement très élevé des entreprises, des ménages et des collectivités locales.

Pékin est depuis longtemps exhorté par d'éminents économistes, du monde entier et à l'intérieur du pays, à faire davantage pour soutenir son économie de consommation et à cesser de s'appuyer sur une croissance fondée sur la construction spéculative de tours d'habitation et sur de lourds investissements publics dans des infrastructures telles que les routes et les autoroutes. lignes ferroviaires rapides. LeBanque mondialeet une agence de planification du gouvernement chinois a fait valoir ce point avec audace en 2012 avec un rapport : «Chine 2030», qui appelait la Chine à mieux soutenir les consommateurs et à franchir un « tournant dans sa voie de développement ».

Depuis lors, la Chine a largement doublé ses investissements pour générer de la croissance. L’industrie de loin la plus importante de ces dernières années a été la construction d’appartements – et non les services axés sur le consommateur comme les voyages ou les restaurants.

Le résultat est une surabondance de nouveaux appartements qui pourrait paralyser l’économie. La Chine a accumulé suffisamment d’appartements vides pour répondre à une demande de sept ans.

Le filet de sécurité sociale, vétuste, a contribué à la surabondance d’appartements, les familles continuant d’acheter des maisons supplémentaires comme investissement qu’elles pourraient revendre en cas de difficultés.

La pandémie de Covid a amplifié le problème. La confiance des consommateurs s’est effondrée dans toute la Chine l’année dernière lors du confinement de deux mois « Covid zéro » à Shanghai, alors que même bon nombre des citoyens les plus riches du pays ont eu du mal à se procurer de la nourriture. Les tests de masse et les quarantaines coûteux ont laissé peu d’argent aux gouvernements locaux, contribuant cette année à une nouvelle avarice des politiques sociales, ainsi qu’à des réductions de salaire des fonctionnaires.

La Chine a augmenté le nombre de personnes couvertes par l’assurance-chômage pendant la pandémie, passant de moins de la moitié de la population urbaine du pays à de nombreux travailleurs migrants qui n’avaient jamais bénéficié d’une telle couverture auparavant. Mais la couverture élargie a expiré à la fin de l'année dernière et n'a pas été renouvelée alors même que le chômage a augmenté, en particulier parmi les jeunes.

De nombreuses autorités locales ont également réduit les prestations de santé des résidents cette année après que les mesures anti-Covid ont épuisé les fonds municipaux d’assurance maladie en 2022. Les réductions de la couverture maladie ont également été réduites cette année.déclenché des manifestations de ruedans des villes comme Wuhan, Guangzhou et Dalian.

Face à une société vieillissant rapidement et à un fonds de pension national qui devrait être à court d’argent d’ici 2035, le gouvernement central a également réduit l’augmentation des paiements aux personnes âgées. Les allocations modestes de sécurité sociale avaient augmenté de 10 pour cent par an pas plus tard qu’en 2015. Cette année, l’ajustement n’était que de 3,8 pour cent, et il a été retardé de début janvier jusqu’en mai.

En 2020, la Chine a tenu la promesse de Xi Jinping, le plus haut dirigeant, deéradiquer l'extrême pauvretédans les zones rurales. Mais le gouvernement n’a pas encore défini d’objectifs détaillés pour le soi-disant plan de revitalisation rurale qui a officiellement débuté en 2021.

M. Xi est un fervent critique des programmes d’aide publique, avertissant dans un discours devant un rassemblement d’élite du Parti communiste il y a deux ans que la Chine « ne doit pas viser trop haut ni aller trop loin en matière de sécurité sociale, et éviter le piège de l’oisiveté qui engendre l’oisiveté ». le welfarisme. »

La Chine avait déjà fait de grands progrès pour accroître ses avantages grâce à la croissance rapide de son économie. Les dépenses sociales ont décuplé depuis 2000. Rares étaient ceux qui bénéficiaient d’une assurance maladie il y a vingt ans ; maintenant, presque tout le monde le fait. Mais si la couverture tend à être assez bonne pour les victimes d'accidents de voiture et de maladies qui touchent principalement les jeunes travailleurs valides, les allocations ne couvrent qu'une faible partie du coût des maladies graves qui touchent principalement les personnes âgées, comme le cancer.

« Les problèmes de filet de sécurité sociale ne sont pas du tout nouveaux et ne peuvent être imputés aux difficultés économiques actuelles de la Chine », a déclaré Mary Gallagher, directrice de l’Institut international de l’Université du Michigan. "Mais la faiblesse du filet de sécurité explique pourquoi les ménages chinois épargnent pour l'avenir et pourquoi il a été difficile pour le gouvernement de stimuler la consommation des ménages en tant que nouvelle source de croissance."

Les programmes d’assistance sociale de la Chine ne sont pas seulement frugaux. Ils sont également financés par les travailleurs qui y participent et, dans une certaine mesure, par leurs employeurs, au lieu d'être subventionnés par les recettes fiscales générales, comme c'est généralement le cas en Occident, notamment en Europe. Les paiements mensuels requis pour adhérer aux régimes gouvernementaux de retraite et de soins de santé sont souvent hors de portée des travailleurs à faible revenu.

M. Guo a déclaré que ses revenus avaient chuté car il travaillait au maximum 20 jours par mois. Le régime de retraite municipal «ne nous sert à rien pour le moment, nous ne pouvons en recevoir qu'après la retraite», a-t-il déclaré. "La question est de savoir si vous pourrez survivre d'ici là."

La croissance économique en Chine a commencé à ralentir avant la pandémie et s’est encore ralentie depuis. Cela a laissé les dépenses sociales de plus en plus en concurrence avec le budget militaire, qui augmente de 7 % par an. L’examen de la défense du gouvernement australien en avril a conclu que le renforcement militaire actuel de la Chine « est désormais le plus important et le plus ambitieux de tous les pays » depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que la Chine cherche à s’affirmer en tant que puissance mondiale.

Sans un soutien financier solide aux consommateurs, la Chine s’appuie sur le fait qu’elle offre un accès généralisé aux terres agricoles pour l’agriculture de subsistance. Alors que près des deux tiers des citoyens chinois vivent dans les villes, de nombreuses personnes ont de la famille à la campagne. Lors du confinement national début 2020, de nombreux travailleurs sont retournés dans leurs villages ancestraux commeChangmingzhen dans la province du Guizhouet planté des jardins pour se nourrir.

Il est peu probable que l'aide se développe beaucoup dans un avenir proche, a déclaré Xian Huang, professeur à l'Université Rutgers spécialisé dans la politique sociale chinoise. « Pour les personnes d’âge moyen et les jeunes », a-t-elle déclaré, « l’idée du gouvernement est qu’ils peuvent toujours trouver un emploi, ou du moins qu’ils devraient essayer de trouver un emploi, afin qu’ils puissent être autonomes ».

Li Vous avez contribué à la recherche.